L’intégration à la société Sud-Coréenne

Intégration en corée du sud

Ils ont survécu à la dictature la plus dure au monde, à la famine et aux maladies. Ils ont traversé la frontière la plus surveillée du globe. Ils ont réussi à glisser entre les doigts de la police Chinoise qui les aurait renvoyés en dans leur pays. Arrivés à Séoul, les réfugiés Nord-Coréens s’attendent à trouver un havre de paix. La réalité s’avère bien différente.

Nés dans un système communiste du collectivisme, les 25 000 réfugiés Nord Coréens, arrivés à Séoul, disposent d’un temps très limité pour s’intégrer dans la société capitaliste ultra-compétitive de Sud.

Tout commence par un passage obligatoire à Hanawon (« maison de l’unité »), un centre de réinsertion à 60 km au sud de Séoul. Là bas, ils ont trois mois pour réapprendre toute une vie.

Conduire une voiture, surfer sur le net, ouvrir un compte en banque ou même prendre le métro… la plupart des transfuges ne connaissent pas les choses les plus banales de notre société.

A leur arrivée au Sud, les réfugiés ont un niveau d’enseignement secondaire, dans le meilleur des cas, la plupart savent à peine lire et écrire.

« Tous les réfugiés ont des problèmes d’insertion » explique Ko Gyong-hin, directeur général d’Hanawon, dans l’ouvrage « rescapé du camp 14 ». Ils sont effrayés en entendant le bruit d’une machine à laver, confondent la lessive en poudre avec la farine. Ils ignorent ce qu’est un four micro-ondes ou un sèche-linge.

La plupart des Nord-Coréens souffrent de paranoïa. Au Nord, les valeurs familiales ou amicales ne sont jamais enseignées, on leur apprend à dénoncer leur propre parent pour recevoir divers infimes récompenses. Ils n’ont donc confiance en personne, se méfient de tout, et ont du mal à se confier.

A Hanawon on leur enseigne aussi l’histoire. Cette partie du programme est un véritable électro choc. Ils apprennent que la guerre de Corée a commencé le 25 juin 1950, après l’invasion surprise du Nord. De l’autre côté du 38eme parallèle, ils apprennent, dès leur plus jeune âge, que le Sud, encouragé par les Etats-Unis, a déclenché le conflit. Leur endoctrinement est tel que beaucoup refusent de croire que l’Histoire enseignée durant leur enfance est un mensonge. L’apprentissage de cette matière est pour les professeurs du centre un passage aussi essentiel que délicat.

Démarrer une nouvelle vie.

Quand ils sortent du centre de réinsertion, le réel challenge commence. Ils doivent faire face à une population qui les rejette, les méprise et ne les comprend pas. Pour beaucoup de Sud-Coréens, leurs semblables du Nord incarnent le mal.

La majorité des réfugiés Nord-Coréens continue à se sentir « étranger » en Corée du Sud. Pour certains, il faut des années avant de ressentir un sentiment d’appartenance au Sud, pour d’autres ça n’arrive jamais.

« Nous sommes tous Coréens mais nous sommes devenus très différents. Je suis passée par une crise d’identité. Suis-je Sud ou Nord Coréenne ? D’où suis-je ? Qui suis-je ? Soudain il n’y avait plus de pays dont je pouvais fièrement dire qu’il était le mien », confie Hyeonseo Lee évadée à l’âge de 14 ans.

Même s’ils sont suivis par des psychologues, beaucoup souffrent de traumatismes profonds et d’une culpabilité extrême pour la famille restée au Nord. (Quand un Nord Coréen s’évade, sa famille est exécutée ou envoyée dans des camps de travaux forcés).Retour ligne automatique
Le gouvernement Coréen a mit en place un certain nombre de mesures pour aider leur insertion. Le ministère de l’Unification met à leur disposition un appartement. Ils reçoivent aussi de l’argent pour vivre pendant les deux premières années.

En 2008, la Corée du Sud dépense 3.61 million de dollars et 3.7 million en 2009 pour donner à environ 800 réfugiés une formation professionnelle. Cette mesure est cependant vue comme un échec, en moyenne sur les deux années moins de 40% d’entre eux ont trouvé un travail.Retour ligne automatique
Au total, la communauté Nord-Coréenne vivant au sud souffre d’un chômage 4 fois plus élevé que la moyenne du pays. Autre signe de la difficulté d’insertion, le taux de suicide chez les réfugiés est deux fois et demie plus élevé que la moyenne nationale.

Selon le Nouvel Observateur, la difficulté d’insertion pour les transfuges Nord-Coréens est telle qu’une minorité désire même retourner au Nord. Ils s’y abstiennent par peur des représailles.

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